46e Concept      S’ADAPTER AUX INNOVATIONS DE RUPTURE

« Ce n’est pas en faisant évoluer la bougie que l’on a inventé l’ampoule électrique, même si toutes les deux produisent de la lumière ». Cette phrase d’une simplicité lumineuse donne à voir toute la puissance de l’innovation de rupture.

Au début, les innovateurs sont invisibles, car avec 1000 unités d’effort, ils produisent une unité de richesse alors que les autres en produisent 100 avec 10 unités d’effort. Puis en échouant beaucoup, souvent et vite, ils ajustent ce qu’ils font pour atteindre 100 unités d’effort pour 10 unités produites. Alors maintenant qu’ils sont plus visibles, on se moque d’eux, car tout cela n’est pas très rentable, pas très beau, pas très « conforme ». Mais ils continuent…

C’est alors qu’à force d’essais, d’erreurs et d’ajustements, les innovateurs passent à 10 unités d’efforts pour 100 produites. Alors là c’est l’hallali ! Il commence à y avoir un risque pour les vendeurs de bougies, les conservateurs de tout poil ! Comment pourrait-on faire plus simple, moins cher en produisant plus de lumière avec moins d’impact ?

Alors, les innovateurs sont combattus, tout est fait pour les empêcher, il y a trop d’enjeux chez celles et ceux qui pourraient pâtir de cette innovation, cela pourrait même changer la répartition des pouvoirs dans la société, car si la rareté est un fondement de l’économie de marché, l’abondance ne se vend pas très bien.

Vient le jour où pour une unité d’effort, on produit 1000 unités de richesses et toute la société en bénéficie ! Tout le monde en veut, et savait que cela marcherait, et s’étonne que l’on n’ait pas soutenu ces innovateurs plus tôt !

Pensez à la première voiture, au premier avion, au premier ordinateur. Ne perdez pas votre temps à convaincre celles et ceux qui ne croient pas que ce qui est plus lourd que l’air peut voler !

Construisez votre premier avion et, quand il passera au-dessus de leur tête, plus aucune idéologie ne pourra les sauver. Tous verront bien que le plus lourd que l’air peut voler. Alors, construisez votre écolieu. Faites qu’il soit source de revenus pour ses habitants, ses entreprises et ses collectivités territoriales et ils verront bien que l’altruisme est un modèle de développement durable

Oui, vos efforts sont importants. Oui, souvent vous êtes seuls. Persévérez et relions-nous ! Celles et ceux qui réussissent leur innovation de rupture persévèrent et se relient. Le pire serait d’abandonner et ne jamais le savoir.

47e Concept      PASSER D’UNE LOGIQUE PROBLÈME À UNE LOGIQUE SOLUTION

Ce qui tue littéralement les groupes qui initient des écolieux sources de revenus pour leurs habitants, leurs entreprises et leurs collectivités territoriales, c’est souvent leur incapacité de passer d’une logique problème à une logique solution. Bouddha l’explique très bien dans une métaphore toute remplie de bon sens :

« Quand tu reçois une flèche empoisonnée, ne passe pas tout ton temps à savoir d’où elle vient, qui l’a lancé, dans quelle intention il l’a lancé, de quel bois elle est faite. Enlève-la ! »

Dès qu’il y a une tension dans un groupe à propos de quoi que ce soit, la première chose à faire c’est « chunker vers le bas » comme on dit en PNL ! Cela veut sortir de la généralisation « découpage large » et devenir spécifique, ce qui veut dire que sur une feuille A5 max, répondre à ces cinq questions :

C’était où ? C’était quand ? C’était avec qui ? À propos de quoi ? Qu’est ce qui s’est passé et en quoi c’était gênant ?

Poser le problème de façon spécifique évite tout un tas de malentendus, d’incompréhension, de généralisation, de jugements, et de crises de nerfs 😊. Cette série de questions est la 1ère étape du SCORE qui en compte 5 :

  1. La première, qui s’appelle « Symptômes » comprend ces cinq questions dont nous avons fait la liste juste au-dessus.
  2. La seconde se nomme « Causes » et cherche à établir ce qui a pu provoquer ces symptômes.
  3. La troisième « Objectif » répond à la question : qu’est-ce que l’on veut à la place de ce problème ?
  4. La quatrième « Ressources » liste les ressources dont on a besoin pour atteindre l’objectif que l’on s’est fixé ensemble. On y liste aussi les obstacles qui pourraient nous empêcher d’atteindre cet objectif et auxquels il nous faudra aussi allouer des ressources.
  5. Enfin la dernière étape « Ecologie » nous fait faire un pont dans le futur en imaginant que l’objectif est atteint ! Puis on se pose deux questions : « Cette solution ne va-t-elle pas créer un ou plusieurs problèmes encore plus importants que celui que l’on tente de résoudre ? Et toutes les parties prenantes impliquées dans le problème initial seront-elles OK avec cette solution que nous avons trouvée ? »

Il est facilitant et motivant dans un SCORE que ce soit celui qui a vécu le problème qui l’anime. Il invitera les parties prenantes impliquées dans le problème. Un animateur peut être nommé pour « faciliter » les réponses aux questions posées et « réguler » les montées d’adrénaline qu’elles peuvent susciter parfois !

                              48 Concept      CONDUIRE VOS CHANGEMENTS PETIT PAS PAR PETIT PAS

L’eau glacée se change en eau liquide puis se change en gaz sous l’effet de la chaleur. Calorie par calorie, l’état suivant se prépare. Quand la dernière calorie est entrée dans l’eau, son état passe de solide à liquide puis de liquide à gazeux. Rien n’a été forcé… Calorie par calorie apparaît le Momentum !

Il en est de même dans nos projets à émergence. Ne plaquez pas ce que vous savez sur ce qui est ! Investissez votre temps, votre argent, votre énergie, dans ce qui contribue à votre projet. Un peu ici, un peu là, plus ici, moins là. Ces ajustements sont nécessaires.

Pour se développer, un écosystème coopératif territorial a besoin que tous ses organes soient en place et communiquent entre eux : production, distribution, moyens d’échange, revenus et gouvernance, rien ne pourra grandir dans la durée si vous n’investissez un petit peu dans ces cinq domaines.

Ne cherchez pas à faire « un gros coup » dans un de ces domaines au détriment des autres, car, si vous avancez trop vite dans l’un d’entre eux au détriment des autres, vous allez vous déchirer ! Pensez au mille-pattes… Si la tête avance trop vite au détriment de la queue alors, il va se couper en deux.

Pour ce faire, opérez de petits changements. Laissez à chacun le soin de choisir son engagement. Si vous tirez trop, vous porterez tout avec un effort démesuré, rien ne pourra plus fonctionner sans vous et vous deviendrez la limite de tout votre projet. Ne faites pas trop, aidez celles et ceux qui veulent faire ! Ne commandez pas, soyez au service de celles et ceux qui veulent faire.

Repérez parmi celles et ceux qui sont habitants-volontaires, celles et ceux qui ont un esprit de service. Soutenez-les au maximum de ce que vous pouvez faire. Cela ne veut pas dire que les autres ne valent rien, non ! Cela veut dire que si chacun ne fait des efforts que pour développer sa propre activité, rien ne pourra faire grandir le collectif. Car le collectif ne naît et ne se développe que si chacun lui donne un peu de lui-même.

Il ne s’agit pas de se sacrifier pour le collectif, mais de faire ce qui nous semble juste pour porter « les métiers d’entre les métiers » c’est-à-dire donner un peu de son temps au collectif, sans espoir de retour, un peu de son argent, sans espoir de retour, un peu de ses informations, sans espoir de retour, un peu de son espace, sans espoir de retour…

Un peu + un peu + un peu… Cela pourrait bien à un moment faire un tout, un grand tout, un tout tellement grand qu’il nous revient un jour en chacun de nous… Comme l’eau, un jour d’un coup, change d’état, avec la dernière calorie absorbée !

                              49 Concept      CHANGER VOTRE APPROCHE : UN GROUPE ÇA N’EXISTE PAS

Pour avoir dirigé plusieurs entreprises (organisations verticales), participé à plusieurs groupes d’activistes (organisations horizontales), et depuis huit ans énergétisé un groupe de type « opale », ou du moins qui cherche à l’être (un mix entre les deux), je suis sûr d’une chose : un groupe cela n’existe pas. Du moins cela n’existe pas sans les interactions de ses membres entre eux, sans une organisation qui va augmenter leurs névroses ou bien les diminuer.

Personnellement, je crois qu’il existe des organisations dans lesquelles le niveau de confiance entre les membres croît avec le temps et le nombre d’individus. Dans ces organisations, où l’on sent, où l’on voit, où l’on pratique la coopération, la prise en compte des enjeux des autres dans ses propres enjeux, alors se passent des choses « magiques » au point que nos névroses se réduisent !

Dans ces organisations on croit que le meilleur est à venir, on croit que chacun fait de son mieux, on pardonne, on soutient, on laisse libre, on diminue les contrôles, on parle à des personnes, plus qu’à des rôles.

Qui peut croire, au XXIème siècle, que c’est en imposant son point de vue depuis la hauteur de son rôle, et le formalisme de son statut que l’on va dans la durée réduire les névroses des personnes qui se donnent à ce projet commun ?

Un groupe, cela n’existe pas parce qu’il y a des statuts, un règlement intérieur. Un groupe, cela n’existe pas parce que chacun est outillé de Communication Non Violente, de cercle restauratif, de gestion par consentement. Ceux qui croient encore qu’ils vont tenir dans la durée leur écolieu parce qu’ils ont écrit leur raison d’être, parce qu’ils ont écrit la façon dont les nouveaux habitants vont entrer, se comporter et quels comportements causeront leur départ, devraient se renseigner auprès de lieux, de personnes sources de ces lieux et en finir avec cette illusion du : « Tout est sous contrôle » !

La vie va vous montrer, si ce n’est pas déjà le cas, que rien ne peut l’enfermer et que ce n’est pas en vérifiant depuis sa tour de contrôle ce que chacun doit faire, quand il doit le faire, en quel temps il doit le faire, avec qui il doit le faire et dans quelles conditions il doit le faire. Ça, c’est le prescrit !

Mais le travail, comme on l’apprend en Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération, ce n’est pas ce qui est prescrit, c’est justement tout ce qui ne l’est pas et qui permet malgré tout d’atteindre un résultat anticipé.

Restez souple, ne cherchez pas à créer la vague, surfez dessus. La résilience est la capacité d’un corps à retrouver son état initial malgré un stress important. Alors, soyez heureux ! Votre état initial, notre état initial, c’est la Bonn ‘heure !

                              50e Concept      APPRENDRE À GÉRER VOS CONFLITS, CAR ILS SERONT PRÉCIEUX

Dominique Barter, l’inventeur des cercles restauratifs nous résume leur importance : « Quand vous construisez une maison, vous y intégrez une cuisine, car vous savez que vous aurez besoin de cuisiner. Eh bien c’est pareil avec les conflits. Quand vous construisez un groupe, vous intégrez un cercle restauratif, car vous savez que vous aurez à gérer des conflits ! »

J’ai bénéficié des cercles restauratifs dans la relation conflictuelle que j’avais avec l’un des membres de TERA. Durant ce cercle, dans cette reformulation qui fait le cœur de ce processus de restauration, chacun de nous a compris à quel point… On ne se comprenait pas ! Avec l’appui de celles et ceux qui nous ont assisté durant ce cercle restauratif, nous sommes passés de l’hostilité la plus complète à la franche camaraderie.

Si vous n’avez pas dans votre groupe créé un cercle restauratif, faites-le et plus jamais vous ne verrez un conflit comme quelque chose à éviter, mais comme une vraie pépite d’or à retrouver qui vous fera, le fera, nous fera avancer bien au-delà de ce que nous aurions pu imaginer vivre ensemble.

95% d’un conflit est une incompréhension mutuelle. Un manque de coopération, c’est-à-dire la non-prise en compte des enjeux de l’un par l’autre. Reformuler, avec l’aide d’un facilitateur, et d’un groupe de personnes invité par les protagonistes du conflit, est le cœur de ce processus, qui pourrait semblait quasi magique s’il ne reposait pas sur un protocole très formel qui en fait un processus tout à fait intelligible loin de toute pensée positive lénifiante.

Bien sûr je ne pourrais ici, vous décrire ce processus dans son ensemble, cela serait hors de propos par rapport aux nombres de sujets que je veux aborder avec vous dans ce petit guide. Toutefois, je vous invite à vous rapprocher de celles et ceux qui, formés par Dominique Barter, peuvent vous aider à installer un cercle restauratif dans votre groupe ! C’est un investissement que vous ne regretterez pas ! Je vous le promets 😊

Au-delà, du cercle restauratif, je vous invite, si cela n’est pas déjà fait, à créer un Cercle d’Écoute et de Médiation (CEM). Celui-ci sera en charge d’organiser des moments d’écoute active, de médiation et pourquoi pas des cercles restauratifs. D’ailleurs, à TERA, le CEM organise aussi des formations et des séminaires autour de ces thèmes.

Cela nous fait prendre de la hauteur par rapport à nos actions et à nos relations. Ne sous-estimez pas votre besoin d’investir dans votre capital humain. Si vous mettez tous vos sous dans votre patrimoine naturel ou productif, cela risque de vous coûter beaucoup plus cher plus tard.