31e Concept      SE RÉCONCILIER AVEC LA COMPTABILITÉ ÉCOSYSTÉMIQUE

Vous voulez créer ou rejoindre un écolieu source de revenus d’autonomie pour ses habitants, ses entreprises et ses collectivités ? Alors vous aurez besoin de compétences fondamentales pour engendrer un développement durable de votre territoire :

  • Constituer, entretenir, développer et transmettre un patrimoine de communs productifs (stocks de ressources), source de valeurs d’usage
  • Exploiter ce patrimoine sans le détériorer voire en le renforçant pour produire ces valeurs d’usage et les échanger contre de la monnaie
  • Tirer de cette activité de quoi payer les dépenses nécessaires à cette production, mais aussi de quoi financer l’entretien de votre patrimoine voire de quoi financer le développement de vos activités

La comptabilité prend des photos régulières de ces activités. Elle vous aide à anticiper et ajuster les flux et les stocks de vos ressources à court (moins d’un an), moyen (moins de trois ans) ou à long terme (plus de trois ans). Elle est écosystémique quand elle rend compte des flux et des stocks de plusieurs structures juridiques de votre écosystème (ex. l’entreprise de maraîchage, le restaurant BIO…), de plusieurs de ses fonctions (ex. la fonction « bien s’alimenter », « habiter durablement ») voire de ses territoires (quartier, commune, bassin de vie, territoires). Elle dispose de deux photos :

  • LE BILAN : c’est la photo à l’instant T de l’origine des fonds qui financent les ressources de votre patrimoine (capital, dettes, bénéfices…) et la façon dont vous les employez (terrains, bâtiments, machines…). Votre patrimoine peut se développer, rester stable ou bien se déprécier. S’il se développe, vous impacterez un peu plus la transition de votre territoire, au contraire s’il se détériore, la transition régressera.
  • LE COMPTE D’EXPLOITATION : il va compter d’une part les dépenses (achats, frais de fonctionnement, salaires…) qui vont participer à la production des biens et des services que vous allez produire à partir de ce patrimoine et d’autre part les recettes (ventes, subventions…) que vous allez tirer de cette production. Si les recettes sont supérieures aux dépenses, vous créerez un bénéfice qui développera votre patrimoine, sinon vous créerez un déficit qui détériorera votre patrimoine, car c’est lui qui financera cette perte et non les recettes de votre activité.

32e Concept      PASSER D’UN ÉCOLIEU QUI VOUS COÛTE À UN ÉCOLIEU SOURCE DE REVENUS

Vous allez passer par trois phases qui chacune sont essentielles à la naissance, à la survie et au développement de votre écosystème et de chacune de vos entreprises. Pour chacune de ces phases, il y a des priorités à respecter pour ne pas voir mourir l’une après l’autre les structures de votre écosystème :

  • PREMIÈRE PHASE « LA CRÉATION » : ici vos recettes sont inférieures à vos dépenses. C’est votre patrimoine qui finance les pertes. Un peu comme un enfant dans le ventre de sa mère. Il vous aura fallu prévoir de la trésorerie pour financer ces pertes, le temps que vos activités puis vos structures dégagent des bénéfices qui, à leur tour, pourront financer votre développement. Ici toute votre énergie doit se concentrer sur le fait d’ajuster au mieux vos dépenses à vos recettes. Attention, vous ferez face à deux types de dépenses : les dépenses fixes et les dépenses variables. Les premières ne varient pas en fonction de vos recettes (ex. pour un boulanger, le loyer de son fournil). Les dépenses variables fluctuent en fonction de vos recettes (ex. pour un boulanger, les achats de farine pour faire son pain).

  • DEUXIÈME PHASE « LE SEUIL DE RENTABILITÉ » : C’est le moment de la naissance réelle de votre entreprise, de votre écolieu ou de votre écosystème. C’est le moment où l’enfant naît. Il n’est plus nourri par le cordon ombilical de sa mère (Ressources de son patrimoine), mais par le fruit des activités de sa mère (Recettes de son exploitation). Vous avez maintenant tout le temps devant vous pour optimiser vos dépenses, développer vos ventes et commencer à dégager des résultats bénéficiaires. Dans cette phase, la priorité sera d’augmenter vos ventes jusqu’à ce que vous puissiez commencer à dégager des résultats bénéficiaires et développer votre patrimoine.

TROISIÈME PHASE « LE DÉVELOPPEMENT » : les activités de vos entreprises, de votre écolieu ou de votre écosystème dégagent des bénéfices. Le travail des personnes physiques ou morales qui ont contribué à la production a été rémunéré et des contributions sociales et fiscales ont été versées à l’État. L’entretien et l’usure de votre patrimoine dans le temps ainsi que la trésorerie nécessaire aux retards de paiements ont été provisionnés. Vous pourrez alors transférer une partie de ce solde à votre fonds de dotation qui se chargera de verser des revenus d’autonomie à tous vos habitants-volontaires et une autre partie à votre SCIC financière pour financer le développement de vos entreprises locales, de votre écolieu ainsi que la création de nouveaux écolieux…

                              33e Concept      CATÉGORISER ET OPTIMISER LES DÉPENSES DE VOS ACTIVITÉS

Votre COMPTE D’EXPLOITATION représentera les flux de dépenses et de recettes de vos activités de production. Mettez-le à jour tous les mois pour savoir si l’exploitation de votre patrimoine le développe ou le détériore. Notre comptabilité écosystémique en utilisant une MCL prendra en compte non seulement le patrimoine productif, mais aussi, le patrimoine humain et naturel non pris en compte dans la comptabilité classique. Pour chacune de vos dépenses, enregistrez, dans une ligne de cahier ou de tableur, la date de la dépense, son montant, son fournisseur, sa description et trois lettres représentant sa catégorie comptable :

  1. Les achats (ACH) : ce sont les dépenses directement liées à la fabrication d’un produit ou d’un service que vous allez revendre (ex. pour un boulanger : la farine, le sel, l’eau, les figues, les emballages…). Ces achats forment les dépenses variables.
  2. Les frais généraux (FRS) : toutes les dépenses que vous ne pouvez pas affecter directement à la fabrication d’un produit ou d’un service (ex. : pour un boulanger, le loyer du fournil, l’électricité, les coûts de la voiture, les prestations de services, formations, le téléphone…). Ils ne doivent pas dépasser 15% de vos recettes.
  3. Les salaires (SAL) : salaires nets que vous versez et leurs cotisations sociales salariales et patronales. Environ 40% maximum de vos recettes. Cela dépend de vos activités (services ou produits).
  4. Les taxes et les impôts (ETA) : tout ce que vous allez verser à l’État et aux collectivités territoriales.
  5. Les provisions et amortissements (PRO) : tout ce que vous mettez de côté pour le dépenser plus tard (ex. entretien et usure de vos bâtiments, machine, matériel, véhicule…).
  6. Dépenses financières (FIN) : les intérêts de vos emprunts, découverts, rémunération des prêts accordés par vos actionnaires.
  7. Dépenses exceptionnelles (EXC) : les dépenses qui ne sont pas liées aux activités quotidiennes (ex. coût de remplacement d’une partie de la toiture du fournil éventrée par une tempête).
  8. Impôts sur les sociétés (IMP) : Si vous êtes y êtes soumis en tant qu’entreprise ou en tant qu’association à but non lucratif fiscalisée.
    L’enregistrement des dépenses pourra être représenté de la façon suivante :

  

                              34e Concept      CATÉGORISER ET DÉVELOPPER LES RECETTES DE VOS ACTIVITÉS

Sur ce même tableur et pour les mêmes raisons, enregistrez vos recettes par catégorie. Caractérisez chaque ligne de recettes par un code de trois lettres représentant les 7 catégories comptables « standard ». Cela vous aidera, une fois que le volume de vos activités sera plus important, à transférer plus facilement vos lignes d’enregistrements à un expert-comptable :

  1. Marchandises (MAR) : ce sont les recettes directement liées à la vente de produits finis (ex. boulanger : vente de son pain aux figues).
  2. Prestations de services (PRE) : ce sont les prestations de services que vous réalisez pour une personne morale ou physique (ex. boulanger : journée de formation « Faire du pain au figues »).
  3. Cotisations (COT) : les adhésions ou abonnements (ex. boulanger : adhésions annuelles à « l’Atelier du Pain »).  
  4. Dons (DON) : les dons sans exigence de réciprocité de personne physique à votre organisation (ex. boulanger : don de Madame Durant pour la restauration du fournil à pain).
  5. Subventions (SUB) : subventions de fonctionnement ou d’appel à projets d’une collectivité territoriale ou d’une fondation (ex. boulanger : subvention régionale pour « L’Atelier du Pain »). 
  6. Recettes financières (FIN) : les intérêts que vous percevez sur des prêts que vous avez octroyé ou des placements financiers.
  7. Recettes exceptionnelles (EXC) : les recettes qui ne sont pas liées aux activités quotidiennes (ex. boulanger : abandon d’une facture de farine par le GAEC RAMADE pour cause de retard de livraison).
  8. Transfert de charges (TRA) : recettes liées à des dépenses qui ont été payées par un tiers à votre place (ex. boulanger : participation aux frais de loyer et d’électricité d’un formateur qui a utilisé le fournil).

L’enregistrement des recettes pourra être représenté de la façon suivante :

                              35e Concept      MAÎTRISER LA CRÉATION DE VOTRE VALEUR AJOUTÉE

Pour atteindre votre « seuil de rentabilité », suivez tous les mois vos soldes intermédiaires de gestion (S.I.G.). Ils représentent comment se forme le bénéfice ou le déficit de vos activités et comment l’optimiser :

  • Sur vos RECETTES vous prélèverez de quoi payer vos achats. Il restera votre MARGE BRUTE : moins d’achats, plus de marge brute.
  • Sur votre MARGE BRUTE, vous payez vos frais généraux. Il vous reste votre VALEUR AJOUTÉE ; plus elle est importante, plus cela veut dire que vous avez ajouté de la valeur à ce que vous avez acheté. Dans une visée de relocalisation, elle représentera 2/3 de vos recettes.
  • Une fois retranchés sur votre VALEUR AJOUTÉE les salaires et les taxes payées à l’état, il vous restera un EXCÉDENT BRUT DE PRODUCTION. C’est lui qui finance l’acquisition, l’entretien et le renouvellement de votre patrimoine via des provisions que vous mettez de côté pour les dépenser plus tard.
  • Le RÉSULTAT D’EXPLOITATION de votre activité sera le résultat de cet EXCÉDENT BRUT D’EXPLOITATION diminué de vos provisions. C’est ce qu’il vous reste de vos activités de production. Tant qu’il est négatif, vous n’êtes pas à votre seuil de rentabilité. Vous retravaillez tous les soldes au-dessus jusqu’à ce que celui-ci soit au moins égal à zéro, voire positif, pour financer votre développement et faire face à des événements exceptionnels qui ne manqueront pas d’arriver. Deux résultats vont l’augmenter ou le réduire.
    • LE RÉSULTAT FINANCIER : il se calcule en diminuant vos produits financiers de vos frais financiers.
    • LE RÉSULTAT EXCEPTIONNEL : il se calcule en diminuant vos produits exceptionnels de vos frais exceptionnels.
  • Le RÉSULTAT COURANT s’obtiendra en ajoutant les trois résultats ci-dessus : +/- résultat d’exploitation +/- résultat financier +/- résultat exceptionnel.
  • C’est sur ce résultat courant que sera calculé, si vous y êtes soumis, l’impôt sur les sociétés. Diminué de cet impôt sur les sociétés, le résultat courant devient le RÉSULTAT NET.

Ce RÉSULTAT NET plus les provisions que vous avez mis de côté formeront ce que nous appelons votre CAPACITÉ D’AUTOFINANCEMENT. C’est-à-dire votre trésorerie disponible. C’est elle qui permettra de financer le développement de votre écolieu et celui des autres. Dès qu’elle devient positive, vous entrez dans la troisième phase « LE DÉVELOPPEMENT » de votre entreprise, de votre écolieu ou de votre écosystème